Vendanges tardives

Mon cher Jean-Pierre Z, je retrouve votre lettre, celle que vous avez envoyée à 6000 femmes dont moi dans les années 60, je crois que vous m’aviez trouvée en photo dans MAT. Vous recherchiez l’amour en la personne d’une femme grande, belle de visage, de corps, de coeur. Vos photos montraient d’ailleurs un très joli garçon. Les articles que vous aviez suscités dans les Potins de la Commère et autres parlaient de votre fortune, vos trois voitures de luxe, votre affaire de blanchisserie à Mulhouse et la difficulté que vous aviez à trouver LA femme.* Pas de Meetic, à l’époque. J’espère que vous avez trouvé l’oiseau rare et que vous êtes aujourd’hui grand-père de petits coquins qui grignotent leur P’tit Ecolier sur le cuir avachi de vos belles alezanes.
Cette petite lettre pour m’excuser de ne pas avoir répondu à cette gentille invitation. Mais vous savez, à l’époque, j’étais amoureuse toutes les demi-heures de jolis garçons comme vous, qui étaient eux-mêmes amoureux de très belles minettes qui elles-mêmes couraient après les garçons que je reluquais. Bref, c’était assez compliqué toutes ces histoires, vous comprendrez bien que je n’ai pas voulu introduire un loup supplémentaire dans ma bergerie déjà bien énervée. Et puis Mulhouse !
Néanmoins, ça me ferait plaisir de prendre le thé avec vous si vous passez du côté de Charenton. Je suis à Sainte-Anne, on dit que c’est la maison des fous mais entre nous, je préfère être folle que de ne plus être, n’est-ce pas.
Cordialement.
PS : merci d’apporter votre petit sachet de thé car celui qu’on nous vend est vraiment dégueulasse…

*Texte © dominiquecozette d’après un fait véridique. Gravure © dominiquecozette

Une réflexion sur « Vendanges tardives »

  1. MAT, Mademoiselle Age Tendre, j’avais, avec une copine, postulé pour le titre de MAT en Belgique.
    Non seulement on ne nous a jamais répondu mais on nous a même pas rendu les photos. Ma copine qui se trouvait très jolie, ayant trop peur que je l’emporte sur elle, m’avait conseillé de garder mes lunettes pour la photo, sous prétexte que ça me donnait du « caractère ». Enfin, cette salope s’appelait Colette Thoreau, elle me faisait super marrer. Cette année là, 1967 ou 68, l’heureuse élue MAT Belgique, se nommait Martine Payfa. Quand elle venait dans une soirée (une boum), ça faisait le buzz et moi, comme d’hab : tapisserie. D’ailleurs, un jour, je suis venue avec une vraie boîte à broder, je me suis installée dans un coin avec un canevas de fleurs et mes aiguilles et mes petits cotons perlés DMC. Et quand on venait me demander ce que je faisais, je répondais : »Je fais tapisserie ». Je ne dis pas que j’ai dansé plus que d’habitude, mais au moins, j’ai eu de monde pour rigoler autour de moi. Voilà, c’était Mes Sixties in Belgium.

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