Jeannine de Belleville

Jeannine

Regardez un peu cette jolie petite dame ! N’est-elle pas mignonne avec ses fleurs sur la tête, des longs cheveux blonds, ses couleurs partout, ses chaussettes imprimées, ses foulards chamarrés, ses yeux pétillants et son sourire ébréché ? Oui, on peut répondre. Et on aura raison car il n’y a rien d’autre à dire. Je l’ai rencontrée un jour que j’allais visiter les ateliers Portes Ouvertes de Belleville, l’année dernière. Je l’ai trouvée tellement irrésistible que j’ai papoté avec elle, lui ai filé un peu de sous et pour me remercier, elle a tourné sur elle même les bras en couronne au-dessus de sa tête comme au temps de sa splendeur. Quand elle était danseuse. J’ai fait quelques photos d’elles, c’est facile, elle aime bien poser en souriant. Et puis je les lui ai envoyées à l’adresse de sa maison de retraite, pas loin de là, où elle ne se plaît pas. C’est tout. Evidemment, je ne m’attendais pas à une réponse, si ça se trouve elle ne sait pas lire. Je n’ai rien d’autre à dire si ce n’est que j’ai passé avec elle un bon petit moment de gentillesse et de douceur. Si vous la repérez dans le quartier, dites-lui bonjour Jeannine, elle sera drôlement contente. Parce qu’elle s’appelle Jeannine.

Vendredi 13 novembre,  journée de la gentillesse. (Registre délicat à manier, j’assume).

Texte et photo © dominiquecozette


Une réflexion sur « Jeannine de Belleville »

  1. Elle est bien jeanine, moi à Bois-Colombes j’ai rendez-vous avec Mba, l’hermite de la coulée verte…Il coud, peint, fabrique des oeuvres avec ce qu’il trouve dans la rue, sous ses pieds, dans les herbes folles. Toujours juché à la treizième marche de l’ancienne voie de chemin de fer, il vous hèle et vous parle de… la vie, du destin, de politique, d’humanité. Oui, oui, ce monsieur, immense, noir, et mystérieux qui va avoir 52 ans aujourd’hui, vendredi 13, m’attend vers dix heures pour taper la causette (pardon dominique pour la douleur…) Vais lui apporter du tissu, de la peinture, du métal… Il a besoin de matériau à transformer ce garçon. Comme nous tous. Figure-toi qu’en le voyant comme ça au milieu des arbres, des tags (sublimes) et du haut de sa treizième marche, j’ai eu l’impression qu’il protégeait cet endroit, et tous ceux qui s’approchaient de lui. J’en ai eu la confirmation le soir même.Nina ma fille m’en a parlé en fait, elle le connaît bien depuis des années, ses copains du lycée, aussi: « maman, quand j’allais là-bas, je l’écoutais pendant des heures et il me faisait du bien… » Oui toutes ces journées où elle séchait ses cours… mais où elle avait au moins cet endroit où aller pour parler avec Mba, qui lui l’écoutait sûrement comme une grande, d’égal à égal alors que moi…. Je suis à peu près certaine maintenant qu’il a dû en remettre plus d’un ado dans le droit chemin sans même s’en rendre compte, avec ses belles idées et son ami Bob, paysagiste du lieu, qui veille sur lui comme sur ses arbustes. Good day and good luck, everybody.

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