Salaude de journaliste !*

Ancien jeune

Pour ceux qui ne sont pas sur facebook que mon dernier billet sur les « salauds de soixante-huitards » a intéressés, je livre trois des commentaires que j’aime bien, parmi les nombreux suscités par l’article d’origine commis par une journaliste des Inrocks.

Commentaire d’Olivia, amie facebook, un peu plus jeune que moi :
« Un peu plus jeune que l’auteure, je ne suis qu’une soixantedizarde et j’ai connu l’insurrection des universités américaines, j’ai mis le feu à des poubelles à Harvard Square, Cambridge, Massachussets et abrité un mec blessé, recherché par la police. Puis, ce fut L’ULB (Université Libre de Bruxelles), la Nanterre des brumes du Nord, fac ultra socialiste qui nourrissait en son sein des misérables gauchistes, des maoïstes et même des Mao Spontex. A ce propos, je n’ai jamais compris pourquoi une marque d’éponges à gratter sponsorisait un mouvement d’extrême gauche, c’est sans doute pour comprendre ce concept étrange que j’ai fait une carrière en flèche dans la publicité, mais je m’écarte de mon propos. A l’ULB qui virait 68 en 70, là, j’ai bravé les piquets de grève, je les voulais mes cours d’Eco sur Keynes et mes conférences de PO sur le général Boulanger, mes leçons d’Histoire des USA et les 5 grands cas qui opposèrent la Cour Suprême à des péquenots qui ont influencé le social (j’ai oublié lesquels, vous pensez, c’était il y a 40 ans, j’ai pas gardé les polycopiés).
Je voulais parler l’Espagnol et apprendre à dire très vite « Cada dia,a la siete, las gente se precipitan por la bocca del métro » – je ne vous fais pas l’affront de vous traduire ça. Je détestais le prof d’Anglais qui ressemblait au colonel Clifton et qui me collait des C à cause de mon accent ricain. Quant au » flamoutche », je me faisais une joie d’avoir des zéros partout. J’ai eu 15 sur 20 à l’oral d’histoire avec une question sur Colbert en brodant entièrement sur les Rois Maudits que je venais de lire, puis ras le bol d’aller aux amphis non sans faire au préalable mon autocritique devant le « Boss » du mouvement maoïste, qui avait plusieurs petites amies en même temps, tel un pacha en son harem.
Bref, j’ai fui à Paris où la paix étant revenue, ça pompidolisait confortablement, en pleine 30 Glorieuses et j’ai fait ma prépa Sciences Po, comme tout le monde, j’avais dix neuf ans. Mais si je vous raconte tout ça, c’est que mon premier stage, je l’ai fait dans une grande agence de Pub dont les mânes subsistent encore rue du Faubourg Saint-Martin (ou rue Saint-Martin) sous le nom de Euro RSCG BETC. C’est là que s’est produit l’incroyable, on m’a proposé de rester et de travailler pour de bon.
Hé ben, j’ai abandonné mes études, croyez le si vous le voulez, à l’époque on avait cet incroyable choix : ce qui fait qu’ayant commencé à cotiser très tôt, je pouvais décemment m’attendre à partir à la retraite mes 60 balais révolus et mes centaines de trimestres accomplis, en septembre 2012 et paf! Voilà qu’on me colle 8 mois de plus et je ne serai libre de mes entraves cotisantes qu’en mars 2013. Et voyez-vous, si cela peut aider les retraites de mes enfants, j’en ai fait quatre pour les allocs, je suis tout à fait d’accord, car eux, ils n’ont connu que les grèves de fac et de train pour aller à la fac, tandis que je m’échinais sur Pampers ou sur Ariel, Renault ou Citroën, l’Oréal ou Jeanne Gatineau. Et je fais partie de ces chiens de baby boomers qui vont en plus toucher une retraite plus que confortable, de quoi me faire lyncher avec les nantis, lors de la prochaine révolution, ceux là même que la dame des Inrocks a dans le collimateur. Enfin, moi je dis la guillotine peut attendre. Et le ciel aussi. »

Commentaire d’Yvain, ami facebook, fils d’une soixante-huitarde, également amie facebook :
« Et bien moi, grâce à ma 68arde de mother, je peux rêver, penser, m’instruire, ne plus avoir peur de dire NON, rencontrer ds gens différents, respecter les autres, flaner, ne rien faire et même si tout s’écroule, même si tout ce qui fait que je suis libre disparait peu à peu, je voulais vous dire merci à vous, m’dame Cozette, mother et other pour avoir eu le cran de sacrifier un tantinet votre jeunesse pour vous mettre en danger dans le seul but que je puisse être LIBRE !
Car, tout de même, soyons lucides, qu’ai-je fait pour changer le monde, mis à part gueuler Devaquet au Piquet en 1986? (l’inverse de 1968 d’ailleurs)! RIEN, si ce n’est d’essayer de vous imiter! Et c’est ma génération qui a amené les marques, le paraitre, le bling-bling et mes enfants me le reprocheront peut-être un jour!
Alors les générations à venir n’ont qu’à se bouger les fesses au lieu de tirer sur leurs aïlleuls!
Moi, je vous aime! »

Commentaire d’Alan, ami facebook, pas encore vieux mais plus si jeune :
« L’article des inrock est consternant.
Que ces jeunes mollassons soient incapables de comprendre que le modèle français arrive
au bout à cause d’une société délibérément bloquée par les élites qui s’en foutent plein les
poches, passe encore.
Qu’elle soit incapable d’aller voter ou de s’engager politiquement, O.K.
Qu’elle se complaise dans des attitudes de victime obligée de rester chez Papa-Maman, hôtel ou la pitance le lavage et le repassage sont assurés, d’accord.
Qu’elle n’ait pas le courage de partir n’importe où ailleurs où rien n’est bloqué, pourquoi pas
c’est difficile, faut un peu de c….(coeur, courage, couilles etc…)
Mais qu’elle en veuille à ses géniteurs soixante huitards alors là les bras m’en tombent.
Je commence dès aujourd’hui à apprendre les moeurs chinoises car assurément dans 20 ans c’est le modèle qui prévaudra en France.
Et à mon avis les jeunes très courageux et lucides que je connais sauront parfaitement s’y adapter.
En même temps je ne suis pas hostile à piquer les vieux soixante huitards qui coûtent plus qu’ils ne rapportent(y’en à très peu!). »

Rappel  du pourquoi de  mon coup de gueule :
Ce n’était pas un billet contre les jeunes mais contre ceux qui poussent les jeunes, quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas, à demander des comptes aux 68tards, aux retraités, aux vieux. Cette tendance à la culpabilisation, ces accusations mal fondées, n’en sont qu’au stade embryonnaire. Avant que le monstre ne nous jaillisse à la gueule, je réclame son euthanasie définitive.

* J’ai écrit « salaude » car une féministe avisée m’a fait justement remarquer que le féminin de « salaud » n’était pas « salope ». Et je trouve qu’elle a bien raison !

Texte © àquidedroit. Dessin © dominiquecozette

Retraites : salauds de soixante-huitards !

Dans un article des Inrocks, on m’a traitée de salope de soixante-huitarde.* Alors, usant de mon droit de réponse, j’ai envoyé ce mail :
Chère Anne Laffeter
C’est sympa, votre article sur les retraites et les “salauds de soixante-huitards”.
Vous avez raison, on est de vraies catastrophes ! On n’aurait jamais dû vous faire naître, comme ça, hop, pas vu pas pris !
On aurait vieilli entre nous, fumant des pétards, s’habillant de coton indien et s’ornant de fleurs fanées. On n’aurait pas dû aller bosser non plus parce que merde, ça fait chier, et puis filer toutes ces cotisations pour nos vieux à nous qui nous emmerdent encore, flûte. On n’aurait pas dû gâter-pourrir nos petits (vous), les emmener au Club, au ski, les inscrire à la danse, au dessin, au poney. On n’aurait pas dû flatter leurs penchants pour les dorothéades, les disneytudes et autres conneries clinquantes. On aurait dû être plus sévères, leur montrer que la vie c’est qu’une tartine de merde même si ça ressemble à du Nutella, leur interdire cette putain de télé qui bouffe le cerveau disponible. Leur filer des livres, plutôt, et leur faire la morale, comme jadis nos aïeux. On aurait dû mieux calculer l’avenir et les habituer aux frustrations.
Alors, pour nous faire pardonner, on va essayer de mourir vite, en clopant, bouffant des saletés, picolant, bravant des dangers, pratiquant le jeu du foulard, partant à la guerre, se proposant comme cobayes pour la science, se transformant en kamikazes pour faire sauter tout ce nid de  salauds qui profitent du système et  font raquer ces générations sacrifiées (scarifiées ?).
Tout pourra alors repartir à zéro, sainement, comme vous le déciderez. Mais bientôt, à l’aube de votre soixantaine, vous sentirez chez vos gosses comme une impatience. Celle de vous liquider. Y a pas de raison que leur génération se remette à payer pour les vieux que vous serez devenus.
Cordialement
Dominique cozette

* Pour voir l’article, tapez « retraites, salauds de soixante-huitards » sur Google (pas réussi à mettre le lien sans buguer).

C’est les vacances. Enfin au Grand Journal. Moi je fais pareil sauf que je n’arrête pas tout. Je continue à vous envoyer mes billets. Mais pas tous les jours. Mais je continue. Mais pas tous les jours…

Texte et dessin © dominiquecozette

Moi, moi, moi, par Daniel R, l’inventeur de la piscine bleue.

Daniel R. était un publicitaire réputé. Arrogant. Méprisant. Phobique. Prétentieux. Talentueux. Campagnes très populaires (Bison Futé, Un verre ça va, trois verres, bonjour les Bougnats, heu, bon). Il disparaît et je le retrouve, morte de rire, sur un petit film de Pierre Carles, un Strip-Tease, tout imbu de sa personne, tout gonflé d’orgueil, tout égocentré sur lui-même. C’est lui qui a inventé les toits blancs — son architecte ne voulait pas, ne sachant pas qu’il était Créateur, « erreur » — (le C en captitale, c’est lui qui le prononce, j’ai l’ouïe fine). Il ne voulait pas non plus, ce ballot d’archi, faire la piscine bleue ! Mon dieu, mais quelle couleur, alors. Bref, maintenant, Daniel R. est copié partout ! « Maintenant, tout le monde veut faire ça. Marrant ! On va croire que c’est de l’égocentrisme… (regardant la photo de sa maison avec un amour infini) : C’est joli quand même, non ? Honnêtement ! »
Quand Carles lui demande pourquoi il a quitté la pub, c’est parce qu’il s’était programmé pour, autour de 40 ans, « retrouver ma vie d’adolescent, être assis sur des caisses, dessiner et peindre ! » Quelle sortes de caisses, Daniel ? Chez toi, c’est pas trop le délire rootsy..
Puis il propose à ses amis de leur faire la lecture de son scenario pour le dessert. Son scenario s’intitule « Y a plus de jeunesse ». « Faudrait que je le retravaille mais à chaque fois que je le lis, je le trouve superbe ». Son ami producteur, le lisant, n’a jamais tant ri, l’a trouvé génial. Mais il n’y a pas assez de souffrance dans l’acte de création.
Sur son petit-fils : « il est adorable cet enfant. A trois ans et demi, il parle le français, l’anglais, le portugais. L’autre fois, nous prenions le petit-déjeuner et comme la bonne n’était pas encore là, nous pouvions être comme si nous étions chez nous (sic). Donc nous étions dans la cuisine, normaux (re-sic). Et il me dit : « pourrais-je avoir un autre tabouret parce que celui-ci est instable. » Trois ans et demi ! Je vais finir par croire que, hein (il tapote sa tempe) quand même, le grand-père y est pour quelque chose, non ? »
Oui, sûrement, Daniel, 25% du capital génétique de cet enfant, c’est toi.
Sur la pub : « moi je connais des gens dans ma profession qui sont devenus de pauvres perroquets, à la peau fripée, qui se lèvent le matin en se disant : ah, c’est formidable, c’est un métier de jeunes. Pitoyable, non ? »
Sa femme qui accuse son âge, ce qui est courageux de nos jours, d’accuser,  je veux dire d’accuser son âge, courageux aussi  de la part de Daniel, car elle accuse ainsi l’âge de son mari. Il a donc gardé la même femme — qu’il ne voit presque jamais — et semble très amoureux de sa fille au point de faire de la photo artistique ( !) d’elle en petite tenue (« lance tes seins au ciel ! »). Donc sa femme « les gens disent de Daniel qu’il est mégalo. Ce qui est complètement faux. … C’est la simplicité. » Cut ! Puis vue d’eux deux, cheveux au vent, dans  un hors-bord lancé sur la grande bleue,
Daniel veut montrer que son corps est jeune, alors il se fait filmer allongé à plat dos au bord de sa piscine bleue (il a inventé les piscines bleues, rappelez-vous) en mini-slip de bain, renflé du phallus. Puis il entre lentement dans l’eau, très lentement, en poussant des petits cris et des petits soupirs orgasmiques de vierge consentante.
Il dit « Moi, j’ai envie de créer. Simplement réussir, je trouve ça vulgaire, voilà. » et, allez, Daniel, une autre petite ! « Moi, ce dont je rêve, c’est d’avoir la force de vivre indépendamment de ce qui sera reconnu ». Traduction : j’aimerais avoir les couilles de me foutre de ce que les autres pensent.
Et pour conclure, Daniel  ? : « J’ai le temps d’avoir du coeur, j’ai le temps d’aimer, j’ai le temps de penser à autre chose qu’à moi-même ».
Pour ceux d’entre vous que ça amuserait de voir ce film (faut quand même être con pour accepter de se faire tirer le portrait par Pierre Carles, le roi de la dérision) cliquez ici
Comme m’a dit mon mec : ça fait penser au film de Schroeder sur Amin Dada.
Toutes proportions gardées. Mais ce n’est pas faux.

Texte interventionnel © Daniel R.
Texte additionnel et rough © dominiquecozette.

Fidèle castré

Lettre ouverte aux humains.
Messieurs, mesdames, je me présente, chien lambda, le meilleur ami de l’homme comme vous aimez à le dire. Le meilleur ami de l’homme ! Mais vos meilleurs amis humains, vous leur faites la même chose ? Vous leur coupez le kiki ? Vous les stérilisez ? Vous leur soutenez que finalement, ils n’ont pas besoin de ça pour être épanouis ?  Que leurs hormones, ça ne sert à rien ?
Imaginez qu’on vous castre vous, les hommes, vous ressembleriez à quoi avec une tête pas finie, une voix de canard, du duvet sur les lèvres, des mamelons un peu enflés, une légère apathie… Sans parler de votre manque de motivation générale, votre absence de combativité, de créativité. Et vous les femmes, si on vous empêchait de faire des gosses. Hop, plus d’envies, plus de câlins, plus de drague, plus d’émulation, plus de coquetterie, terminado…
Comme tout tourne autour du sexe, chez vous, à quoi passeriez-vous votre temps ? A brouter de l’herbe, à roupiller, à faire du gras ? Vous vous emmerderiez tellement qu’il vous tarderait d’en finir au plus vite avec cette vie sans intérêt. D’où espérance de vie : 40 ans. Peu ou prou.
Notez que ça peut résoudre vos problèmes de retraite, de chômage, de surpopulation, de manque de crèches, d’hôpitaux pour les vieux. Vos problèmes liés au sexe : viols, rixes, trafic de femmes et d’enfants. Vos problèmes liés à la production de testostérone : guerres diverses, besoin d’asservissement ou de domination…
Vous voyez, il suffirait de peu de chose pour que le meilleur ami de l’homme soit … l’homme !

Texte et dessin © dominiquecozette

Les aventures maritales de Léha

Léha s’était assise sur un des deux sièges de l’amour dans un bus de Copenhague, sachant que ces sièges étaient réservés à des personnes à la recherche de l’âme soeur. Elle sillonnait, sillonnait,sillonnait la ville depuis une semaine sans que personne ne la rejoignît et s’apprêtait à quitter ce siège, ce bus, cette ville infâmes où l’on n’aimait pas les rousses juste au moment où un très beau mec sportif et blond décoloré s’installa près d’elle. Elle entreprit de lui faire la causette mais il était sourd, il ne comprenait rien, elle était obligée de crier et franchement, ça la foutait mal pour une première rencontre amoureuse. Comme il se baladait avec une planche de surf, elle lui fit comprendre par geste qu’elle adorait les vagues et que ce n’était pas grave qu’il fût sourd. N’étant pas muet, il l’informa qu’il souffrait d’une pathologie liée à sa pratique sportive : l’exostose des surfeurs. En gros, ça rend sourd d’être toujours dans l’eau. Mais ça s’opère. Ah bah tant mieux, fit Léha, ça me ferait bien chier d’être contrainte de hurler à chaque fois que je te demande quelque chose.  Et crois-moi, mon p’tit gars,  si on doit vivre ensemble, tu vas te faire opérer vite fait.
Sauf que pour se marier, Léha dut retourner dans son Iran natal et s’inscrire à une école du mariage avec son jules, Olaf, afin d’obtenir le permis de s’unir. Il était conseillé de choisir un mari fort, aux larges épaules, ce qui était le cas et, pour les femmes, le modèle « bien gaulée » était requis. On leur enseigna que la femme doit non seulement obéir à son mari, mais être à sa disposition en privé. Du coup, ils s’installèrent en France, c’était plus libéral.
Mais elle commença à souffrir terriblement du dos, du ventre, de la colonne, enfin de troubles bizarres qu’une simple palpation ne pouvait déterminer. Il lui fallait passer une IRM d’urgence. De toute urgence. Rendez-vous dans huit semaines. Et encore, elle avait de la chance ! Quoi ? Huit semaines pour une IRM urgente ? Vous vous foutez de ma gueule ? Elle se renseigna ailleurs, c’était kif-kif. Elle apprit qu’en France, cette France qui se la pétait grave, il fallait attendre en moyenne 34,6 jours pour cet examen. Pour la rassurer, on lui proposa de passer un scanner. Elle déclina quand elle sut qu’en Belgique l’attente n’était que de huit jour. Comme en Suisse d’ailleurs, et bien d’autres pays voisins.
Qu’est-ce que c’est que ce pays merdeux, déclara-t-elle à Olaf  qui, bonne pâte, accepta de quitter l’hexagone et de la suivre à Knotte-le-Zoute où elle proposa de s’installer. Y a la mer, acheva t-elle de le convaincre. Sur ce, elle se plongea dans les news et apprit qu’aux Etats-Unis, qui était son second choix, une femme avait été virée de son job à cause de son ADN foireux (risque de cancer du sein, qu’elle avait lâché à un collègue délateur). Bref, ces pays modernes et avancés, quelle rigolade !

Texte © dominiquecozette d’après les infos vues/entendues à la télé à midi, de vraies infos !
Dessin © dominiquecozette

Alors on danse

Rappeur belge, Stromae m’a séduite avec cette chanson un peu désespérée mais après tout, les poètes ne se doivent-il pas  de l’être ? Je pose la question.

Alors on danse, alors on danse
Alors on danse

Qui dit étude dit travail
Qui dit taf te dit les thunes
Qui dit argent dit dépenses
Qui dit crédit dit créance
Qui dit dette te dit huissier
Et lui dit assis dans la merde
Qui dit Amour dit les gosses
Dit toujours et dit divorce

Qui dit proches te dit deuils
Car les problèmes ne viennent pas seuls
Qui dit crise te dit monde
Dit famine et dit tiers-monde
Qui dit fatigue dit réveille
Encore sourd de la veille

Alors on sort pour oublier tous les problèmes
Alors on danse… (x9)

Et là tu te dis que c’est fini
Car pire que ça ce serait la mort
Quand tu crois enfin que tu t’en sors
Quand y en a plus et ben y en a encore
Est-ce la zik ou les problèmes, les problèmes ou bien la musique
Ça te prend les tripes
Ça te prend la  tête
Et puis tu pries pour que ça s’arrête
Mais c’est ton corps, c’est pas le ciel
Alors tu te bouches plus les oreilles
Et là tu cries encore plus fort, mais ça persiste
Alors on chante
Lalalalalala, Lalalalalala
Alors on chante
Lalalalalala, Lalalalalala

Alors on chante… (x2)
Et puis seulement quand c’est fini
Alors on danse … (x8)
Et ben y en a encore… (x5)

Pour voir et entendre Stromae, c’est ici

La Belle et le Riche

Anne de Luxueuse, amie FB, a publié cet article paru dans une revue financière (sérieuse) aux U.S . Même si cette histoire parait invraisemblable, elle est tout à fait véridique !!! (sic)
Une femme a écrit a un « Cabinet conseil en investissements » pour demander des adresses en vue d’épouser un homme très riche. Ceci est déjà cocasse, mais le plus drôle c’est la réponse bien fondée que lui a adressée l’analyste financier.
«Je suis une belle jeune femme (je dirais même très belle) de 25 ans, bien élevée et j’ai de la classe.  Je souhaite me marier avec un homme qui gagne au moins un demi-million de dollars par an. Avez-vous dans vos fichiers les adresses de quelques hommes célibataires (veufs ou divorcés) qui gagnent 500.000 dollars ou plus ? Peut-être aussi que des épouses d’hommes riches peuvent me donner quelques conseils ? J’ai déjà été fiancée à des hommes qui gagnent de 200 à 250 mille dollars pas plus…mais 250 mille ce n’est pas suffisant pour que je puisse vivre dans le Park West Central. Je connais une femme, dans mon cours de yoga, qui s’est mariée à un banquier. Elle vit dans Tribeca, et pourtant elle n’est ni aussi belle que moi, et pas même intelligente. Mais alors, qu’a-t-elle fait que je n ai pas fait ? Comment puis-je atteindre son niveau de vie ? »
Raphaela S

Réponse de l’expert :
J’ai lu votre courrier avec une grande attention, et après avoir longuement étudié votre demande c’est avec grand soin que je me suis livré à une analyse financière de votre situation :
Premièrement, je ne vous fais pas perdre de temps, puisque moi même je gagne plus de 500 mille dollars par an. Ceci étant dit, je considère les faits de la façon suivante :
Ce que vous offrez (pouvant être compris ainsi par l’homme que vous cherchez) est simplement une bien mauvaise affaire. Voici pourquoi :
Laissant les subterfuges de côté. Ce que vous proposez c’est un simple business :
Vous mettez votre beauté physique et je mets l’argent. L’offre est claire et sans détours.
Cependant un problème existe : Avec certitude, votre beauté va s’étioler et un jour va disparaitre, alors qu’en même temps, très probablement mes revenus et ma fortune continueront de croitre. Ainsi, ‘en termes économiques’ vous êtes un passif qui subit une dépréciation et je suis un actif qui produit des dividendes. Vous subissez donc une dépréciation, mais comme celle-ci est progressive, votre valeur diminue de plus en plus vite !
Soyons plus précis : Vous avez aujourd’hui 25 ans vous êtes belle et sans doute le resterez vous durant les 5 ou 10 années à venir. Mais chaque année un peu moins, et déjà quand vous vous comparerez à une photo prise aujourd’hui, vous constaterez combien vous avez vieilli. Cela signifie que vous êtes aujourd’hui dans la ‘phase de croissance’ c’est donc le bon moment pour être vendue mais non pour être achetée. En utilisant le langage de Wall Street, celui qui vous possède aujourd’hui a intérêt à vous avoir en ‘Trading position’ (position de vente) et non dans ‘ buy and hold ‘ (acheter et conserver)… c’est pourtant ce que vous offrez.
Par conséquent, toujours en termes économiques, le mariage (qui est un ‘ buy and hold ‘) avec vous n’est pas une bonne affaire à moyen ou à long terme. En revanche, la location pourrait être, en langage commercial, une affaire raisonnable que nous pouvons méditer et en discuter vous et moi.
Je pense que si vous fournissez la garantie ‘bien élevée, avec de la classe… et merveilleusement belle’ je pourrais très probablement être le locataire de cette ‘machine’. Cependant, je souhaite faire, ce qui est une pratique habituelle en affaire un essai, c’est à dire un ‘ test drive … ‘ avant de concrétiser l’opération. Somme toute : comme, vous acheter est une mauvaise affaire pour cause de dévaluation croissante, je vous propose une location d’une durée pendant laquelle le matériel est dans un bon usage.
En attendant de vos nouvelles, je prends congé cordialement.
Un millionnaire

Texte transmis par Anne de Luxueuse. Dessin © dominiquecozette

Un homme idéal

De : Alain GALLAS , ami FB, à : Cozette vide sa plume
Réponse d’un homme à Marine « quarantenaire vénère »  s’étant exprimée dans ce blog. (Mais on est pas obligé de connaître les épisodes d’avant pour apprécier cette histoire).

« J’avais l’âge de Dominique en 60 et je dois dire que j’ai soutenu avec empathie le combat des femmes de mon âge. Ainsi je faisais le ménage,le lavage, le repassage, la vaisselle, la bouffe, je torchais les enfants et pratiquais à demande toutes les activités qu’aimait la femme que j’aimais, y compris les démarches administrative que mon »cadeau » goûtait peu.
Un jour pourtant alors que sa mini était en panne, je me suis rebellé en lui signifiant qu’en bonhomme qu’elle était, elle n’avait qu’à se démerder.
Il faut dire en plus que la dame travaillait comme fonctionnaire et gardait tout son argent de poche pour Guerlain, Gudule, Bon Marché et autres marques de futurs bobos, moi je casquais tout le reste….
Puis je décidais de me consacrer réellement à la cause des femmes en m’intéressant de plus près à celles de 10 ou 15 ans de moins afin de leur montrer ce qu’on pouvait obtenir d’un homme dressé par une sufragette(et aussi 5 soeurs!).
J’ai continué à faire avec plaisir toute l’intendance que l’autre n’aimait pas alors qu’elle faisit avec plaisir ce que moi je n’aimais pas (le repassage et aller chez le teinturier par exemple). Mais surtout j’ai essayé d’expliquer à ces jeunes femmes qu’elles devaient absolument maîtriser la procréation quitte à faire des bébés pour elles toutes seules puisque de toutes façons les mecs de leur âge ceux qui ont aujourd’hui entre 45 et 50 ans ne s’occupent généralement pas des enfants.
Et je connais plein de jeunes femmes de 35, 45, 50 ans qui ont ainsi pu conduire leur vie, certes avec parfois des grands moments de solitude(la vraie finalement moins dure que celle qu’on ressent à côté de l’autre), mais sans un connard à la fois grand dadais aîné des enfants qui se prend uniquement pour le père de leur mère(quand tout va bien!).
Et les filles de 30 ans, les miennes et celles de mes potes vivent ainsi et prennent le pouvoir.
Il n’y a que comme ça que le monde changera.
Marine un conseil trouve un sexa-sexy qui saura rendre grâce à tes mérites ou materne un jeunot qui saura rendre goulûment grâce à tes charmes et qui te permettra d’exercer ce « pygmalionisme » si délicieux aux hommes, tu peux aussi prendre le jeune pour le choc, et le sexa sexy pour le chic et le chèque.
Bonne chance »

Texte © Alain Gallas.
Dessin (qui ne représente pas alain G.) © dominiquecozette

PS : J’ai mis les dessins de mon blog sur mon site à « dessins » ici

Une quarantenaire vénère !

Marine Pénicaud, amie FaceBook a réagi à mon article (et ma chanson) : toutes les filles de mon âge en 60 ont comme moi soixante ans aujourd’hui.

« Toutes les filles de mon âge, les mères :
Toutes les filles de mon âge ont 43 – 48 ans, ce qui n’est même pas un chiffre rond dont nous pourrions nous vanter.
Nous ne nous sommes jamais battues pour un monde meilleur, nous n’avons pas partagé d’idéaux communs, nous n’avons fait que récolter les fruits d’un combat féministe déjà en perte de vitesse.
Nous raclons maintenant les fonds tout cuits, trop cuits de ces beaux idéaux qui nous ont fait croire mordicus et dès le départ que notre indépendance de femme était naturellement légitime.
Or, dans mon milieu, nous sommes, toutes les filles de mon âge, perdues entres deux O, entre Orgasmes et Ornières, orgasmes pas toujours conjugaux, et trop rares, et ornières le plus souvent professionnelles, alors qu’on voudrait tellement déchirer en affaires, dans toutes nos affaires. Nous sommes obligées de composer entre un mari en pleine crise, quand y’ a un mari, et y’en a de moins en moins, des finances catastrophiques pour nos âges, des ados qui font chier, un boulot bien en deçà de nos espérances de jeunes femmes – quand on s’appelait encore des « filles » – , une maison qui nous bouffe un temps innommable, des emmerdes administratives à régler toutes seules (les mecs ne s’en n’occupent pas, ça ne les intéresse pas !), des scandales de la vie domestiques à se fader trop souvent, et des repas, pour 3, 4, 5 personnes, tous les soirs, avec des protéines s’il vous plait, pour tout ce monde qui, à table, est « en pleine croissance » (tu parles !) et qui constitue notre propre famille à nous, celle qui s’est faite parfois bien malgré nous. Pour ma part, j’aurais tellement voulu offrir une autre enfance à mes propres enfants, et aussi bien, une autre relation à mon amoureux qu’était leur père. Mais il faut composer avec tout cela, quand on est soi-même encore adolescente dans l’âme ! avec la soif d’un monde meilleur ! avec du temps à soi, puisqu’on nous serine à longueur de temps : « pense à toi ! », « fais-toi plaisir ! », « fais ce que tu veux ! »… Ben Merde : on peut pas ! pas assez (bien un peu tout de même, encore heureux !) (et dire qu’il y a toujours pire que sa propre situation …
Les petits plus (plus de temps, plus de gadgets, plus de fun, plus de tout à mon avis) des sexygénaires nous sont inabordables, et ça, c’est carrément insensé ! Vous pouvez rigoler mais je me demande bien où sont partis les idéaux de ces sexagénaires, celles qui dépensent maintenant leur fric fou, ou celui de leur mari quand ils sont encore là, celles qui sont devenues des capitalistiques épanouies, mais qui, peut-être, ont gardé leurs beaux idéaux pour leur pomme ! et rien que pour leur pomme ? je n’arrive pas à y croire…
Et notre liberté de femme qu’on a crue si chèrement gagnée, elle est où MA liberté ? Je la vois de trop loin, c’est dégueulasse ! et puis merde. »
Texte © marine pernicaud (qui est sur fb si vous voulez la cliquer. Marine, fais-toi cliquer !)
dessin © dominiquecozette (le dessin ne représente pas Marine).

Fred Vargas : nous y sommes. (De plus en plus)

Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.
Nous avons chanté, dansé. chantons, dansons.*
Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était est à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté jetons nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit conduisons trois voitures, nous avons vidé vidons les mines, nous avons mangé mangeons des fraises du bout monde, nous avons voyagé voyageons en tous sens, nous avons éclairé éclairons les nuits, nous  chaussons des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons  grossi grossissons, nous avons mouillé mouillons lle désert, acidifié acidifions la pluie, créé créons des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés. s’amuse bien.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s’est marrés. se marre bien.
Franchement on a bien profité profite bien.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.
C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies.
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.
De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié :
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi, ou crevez avec moi.
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.
D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, (attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille) récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).
S’efforcer. Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.
Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Texte ©Fred Vargas. Archéologue et écrivain. Ce texte date d’il y a deux ans je crois. Je trouve important nous de le remettre en mémoire.
Dessin © dominiquecozette

* Je me suis permis de conjuguer au présent certains verbes qui laissaient croire que c’était du passé. Hélas !

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